Monnaie wisigothe à l'effigie du roi Sisebut2, avec l'inscription SISEBUTUS
REX.
Successeur du
roi Gundomar, il tente
d'unifier toute la péninsule Ibérique sous son autorité et essaie d'en chasser les Romains d'Hispanie, leur prenant
notamment Malaga et
massacrant les populations locales3. Par l'intermédiaire du patrice romain d'Orient Caesarius, il négocie la paix avec l'empereur Héraclius qui, affaibli par
ses guerres contre les Perses et les Avars, lui cède toutes ses possessions
du Sud-Est de l'Hispanie avec la
capitale, Carthagène, ne conservant que quelques villes côtières en Andalousie et dans l'Algarve.
Dans le nord, Sisebut
fait la guerre aux Astures et la conquête de la Biscaye, qui avait autrefois appartenu au royaume des Francs.
Vers la fin de son
règne, il organisera une grande expédition maritime contre l'Afrique du Nord. D'après Rodéric de Tolède (qui écrit
six siècles après les faits), la flotte wisigothique aurait eu pour but de
« soumettre plusieurs nations d'Afrique du Nord ». Celle-ci était
alors partagée entre l'exarchat de Carthage, nominalement romain
d'Orient, et plusieurs principautés berbères locales : on ne
sait pas si Sisebut combattait l'exarchat ou bien les pirates berbères infestant la
Méditerranée occidentale. Quoi qu'il en soit, il débarqua avec la majeure
partie de ses troupes dans la Maurétanie
Tingitane où il s'empara de Tanger et de sa région4.
Dans le domaine
religieux, Sisebut, roi « très chrétien » (christianissimus), réprima le prosélytisme
juif et prescrivit que l'initiateur
d'une conversion au judaïsme serait puni de mort5. Il interdit aux Juifs le droit de posséder des esclaves
chrétiens6 et
d'exercer une fonction publique7. Sisebut est également le premier roi wisigoth (ainsi que le
premier roi en Occident) à inaugurer une politique
ouvertement anti-juive, forçant les Juifs de son royaume,
nombreux dans les territoires pris aux Romains
d'Orient, à se faire baptiser (90 000 juifs
auraient été convertis de force8).
Après les avoir
spoliés de leurs biens, il expulsa les récalcitrants vers le royaume
des Francs et vers
l'Afrique du Nord romaine,
où ils furent accueillis par l'empereur Héraclius. Isidore de Séville critiqua les procédés utilisés par Sisebut (« il
voulait imposer par la contrainte ce qu'il fallait obtenir par la persuasion
et le raisonnement »)9.
Sisebut félicite le
roi des Lombards d'Italie Agilulf et son fils et
successeur Adaloald pour leur conversion au christianisme. Une copie d'une
lettre de Sisebut adressée à Adaloald et à sa mère Théodelinde est parvenue
jusqu'à nous10.
En 619, il convoque à Séville un concile dans lequel l'« hérésie » des Acéphales est condamnée.
Roi cultivé et
lettré, s'entourant notamment d'Isidore de Séville, Sisebut nous a laissé divers écrits, des lettres, et des
poèmes astrologiques, notamment sur les éclipses (Espistula Sisebuti) ; il serait également l'auteur de l'« Astronomica ». Sisebut a
également écrit une « Vita Desiderius », une
biographie de (saint) Didier, évêque de Vienne martyrisé en 606 à l'instigation de la reine franque d'origine
wisigothe Brunehaut.
Selon les écrits
d'Isidore de Séville, Sisebut régna 8 ans et 6 mois. Il serait mort
empoisonné, victime de l'ignorance de ses médecins11. La chronique des rois wisigoths (Chronica
regum Wisigotthorum) parle d'un règne de 8 ans,
11 mois et 16 jours.